J’ai grandi avec le tennis, entourée de mes parents et de ma sœur, qui jouaient tous deux dans un club de la région de Verviers. Le moment où j’ai commencé à rêver d’un avenir de championne de tennis, c’est lorsque, à 6 ou 7 ans, j’ai vu Roland-Garros à la télévision. J’étais fascinée par Chris Evert-Lloyd, dont j’étais une grande admiratrice.
Pourtant, je n’ai commencé les cours de tennis qu’à l’âge de neuf ans. Un an plus tard, je disputais mon premier tournoi. Je me souviens encore parfaitement d’avoir remporté mon premier match contre une joueuse très forte de la région. J’ai perdu au tour suivant, et la déception fut immense. C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais l’âme d’une véritable compétitrice et que j’aimais profondément ce sport.
Mon talent a rapidement été remarqué. À onze ans, j’ai intégré la fédération, d’abord au niveau régional puis au niveau provincial. Ce n’est qu’à quinze ans que mon rêve est devenu un objectif concret. J’étais alors la meilleure joueuse de ma catégorie d’âge et je signais d’excellents résultats dans des tournois internationaux. À cette époque, il n’existait pas encore de structures permettant de combiner sport de haut niveau et études. J’ai donc suivi un cursus dans un lycée classique, tout en m’entraînant intensivement. Cette double vie était exigeante, surtout avec les nombreux déplacements à l’étranger. Mais elle m’a appris très tôt à m’organiser, à planifier et à développer une discipline — des qualités essentielles pour le sport de haut niveau.
Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir pu faire de ma passion mon métier. Grâce à cinq tournois ITF de 10 000 dollars remportés consécutivement à l’âge de dix-sept ans, j’ai rapidement progressé au classement mondial. À dix-huit ans, je suis devenue professionnelle et me suis hissée autour de la 245ᵉ place mondiale. Après mes études, je me suis donné deux ans pour atteindre le top 100… mais en à peine six mois, j’y étais déjà. J’y suis restée pendant dix ans.
Bien que le tennis soit un sport individuel, avec des contacts sociaux limités, il m’a offert des émotions intenses et une immense satisfaction.
Le rêve de devenir championne ne m’a jamais quittée, et il s’est concrétisé en 1998, lorsque je suis devenue la première joueuse belge à entrer dans le top 10 mondial. J’avais presque atteint tout ce que je m’étais fixé.
Mais un objectif restait : décrocher une médaille olympique aux Jeux de Sydney, en simple ou en double avec Els Callens.
Malheureusement, cette période a été assombrie par un drame personnel : le décès de ma mère, emportée par un cancer. Ce fut un moment extrêmement difficile. Elle était mon pilier, la personne la plus chère à mes yeux. Malgré la douleur, j’ai continué à jouer, convaincue que c’est ce qu’elle aurait voulu. La décision d’arrêter fin 2000 a été influencée par sa disparition, mais aussi par mon ressenti : je prenais de moins en moins de plaisir sur le court. La pression quotidienne devenait plus lourde, et à l’époque, la santé mentale était un sujet tabou. Je n’en parlais à personne, mais intérieurement, c’était de plus en plus difficile. J’ai toujours voulu terminer ma carrière par choix personnel, et non sous la contrainte d’un facteur extérieur. Cela m’a apporté une forme de sérénité.
Je ne me faisais pas de souci pour ma vie après le tennis. J’avais deux objectifs : devenir maman et ouvrir un club de golf. La transition vers une nouvelle vie professionnelle s’est donc faite assez naturellement, même si retrouver un équilibre émotionnel a pris plus de temps. J’ai pris quelques mois de pause pour réfléchir à ce qui comptait vraiment pour moi. Ce processus avait en réalité commencé avant même la fin de ma carrière, lors de discussions avec des psychologues. Grâce à cette réflexion et au soutien de la WTA, j’ai pu clarifier mes valeurs fondamentales et réorganiser mes priorités.
En 2004, j’ai découvert le monde du coaching en entreprise grâce à une connaissance issue du milieu du tennis. J’ai rapidement perçu les nombreux parallèles entre le sport de haut niveau et le monde des affaires. J’ai appris le métier sur le terrain, avec des collègues, et à travers diverses formations. Ce fut une magnifique opportunité : partager mon expérience tout en accompagnant les autres. Depuis plus de vingt ans, je suis active dans le monde de l’entreprise comme coach, conférencière et formatrice. Je m’y sens parfaitement à ma place. Parallèlement, je reste étroitement liée au monde du sport. Ma mission est de rendre au sport ce qu’il m’a apporté, et d’inspirer les autres à travers mon histoire.